Par D. B.
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Les nids de frelons atteignent ces jours-ci leur pic d'activité. les professionnels sont désemparés.

De la plaine agricole de Changxing au centre-ville d'Agen à la mi-septembre… La dernière ruche est calée en hauteur dans la cour d'une maison, rue Laffargue. En vol stationnaire ou au repos, quatre frelons Vespa velutina. « Les abeilles restent confinées. Elles ne sortent plus depuis quatre jours. »

Le casier en question appartient à un collègue de Daniel Bergeron, employé d'usine et apiculteur, aux premières loges pour suivre l'évolution de la situation depuis l'introduction du frelon en Lot-et-Garonne. « Six ans plus tard, qui en fait les frais ? » questionne-t-il.

Si les chaleurs de l'été chinois, 40 degrés au bas mot, concentrent le gros des prédations du frelon aux premières heures de la journée - « entre 7 et 8 heures », assurent les apiculteurs de Changxing -, le comportement de la souche importée en France serait devenu tout autre. Ici, la pression sur les ruchers est constante : « J'ai installé une bonne partie de mon cheptel en ville. Je prends la tapette, j'en tue 20. Je reviens un quart d'heure plus tard, j'en tue encore 15 autres. »

« Business »

À la mi-septembre, Daniel Bergeron a déménagé toutes ses ruches à Foulayronnes, dans la périphérie d'Agen. « C'est à côté des pruniers, dans un endroit qui n'est pas atteint. Je réagis avant qu'il ne soit trop tard. Je suis allé les voir, elles sont superbes, c'est reparti. Je ne supporte pas de voir mes abeilles comme ça. »

Il n'en veut guère au pépiniériste de Pinel-Hauterive dont les pots de bonsaïs auraient convoyé « clandestinement » la poignée de femelles fondatrices. « Ce que je regrette le plus, c'est que les pompiers ne fassent pas les interventions sur les nids de frelons. » Cette démarche avait pourtant été préconisée par le Muséum d'histoire naturelle dès le signalement officiel de l'espèce, en 2006. Les autorités n'avaient pas jugé utile d'intervenir.

« Tout le monde a ouvert le parapluie. Et maintenant, tout cela est devenu un vrai business, avec des sociétés d'éradication qui interviennent moyennant 80 à 350 euros… Et, en plus, les nids sont détruits en plein jour, alors que 35 % de la population est à l'extérieur, femelles fondatrices comprises. Résultat : elles vont créer de nouveaux nids ailleurs. Entre l'enjeu réel de protéger l'apiculture et celui de faire tourner un business, on a bifurqué », soupire Daniel Bergeron.

« Brasser de l'air »

Il n'est demeuré président d'un groupement de défense interapicole qu'une seule année : « J'ai vite arrêté. Si on travaille pour brasser de l'air… » Un frelon lui passe sous le nez, une abeille dans les pattes. « Ça y est, il en a embarqué une… Le nid est dans cette direction. »

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La recherche avance à son rythme, les pièges à alcool sont un pis-aller. « Je souhaite que l'État prenne ses responsabilités vis-à-vis de ce phénomène. » Le frelon est signalé en Seine-Saint-Denis depuis l'an dernier. « S'il arrive en Île-de-France, à Paris, ils vont peut-être commencer à bouger », veut croire Daniel Bergeron.